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Rapport de visite du projet Education pour tous à Musambira

 

1. Contexte

Cette visite a été organisée en profitant de l’organisation de la mission liée au projet de l’état civil à Goma. Le fait d’avoir deux projets l’un à Goma et l’autre à Musambira permet de faire une courte visite en plus de celle qui est prévue dans le projet.

2. Les objectifs fixés pour cette visite

Les objectifs définis pour cette visite étaient les suivants :

- Faire un état des lieux d’avancement des projets, entre autre de la réhabilitation des classes et du lancement des classes de rattrapage.

- Faire le point de la situation du point de vue de l’évolution du budget du projet et établir un premier diagnostique de l’exécution du projet.

- Faire le point avec les bailleurs de fonds en l’occurrence la délégation de l’Union Européenne, tant sur l’avancement du projet que les perspectives liées aux futurs programmes d’appels apportés, axés sur le Rwanda que doit lancer incessamment l’Union Européenne.

- Assurer le dépôt de fonds pour financer d’une part le projet « Education pour tous », et d’autre part les investissements complémentaires financés par Woluwe-Saint-Pierre au centre de santé et dans d’autres écoles (acquisition de lit métalliques et de bancs,…).

3. L’avancement du projet « Education pour tous »

En octobre dernier, une mission avait été organisée en vue de mettre au point avec l’ONG ADENYA et les autorités locales de Musambira et du district de Kamonyi. Il s’en était dégagé que pour le début de l’année scolaire 2011 (l’année scolaire s’étale sur une année civile) les classes de rattrapage devaient être réhabilitées, la structure organisationnelle devait être mise sur pied et le coordinateur en charge de la gestion des associations de parents devait être engagé et avoir entamé son travail.

Est mis en annexe du présent rapport, le rapport narratif d’octobre 2010 et janvier 2011 réalisé par ADENYA. La suite du présent rapport reprend les constats faits lors de la visite les plus significatifs ainsi que le fruit des discussions tenues à l’occasion de cette visite.

Six classes ont été réhabilitées. Trois l’ont été au village de Musambira  dans les locaux de l’ancienne ferme pilote inoccupée depuis plusieurs années et trois autres ont été réhabilitées dans l’école de Mpushi à 3h de marche du village de Musambira. Ces classes réhabilitées avaient été visitées en octobre et nécessitaient effectivement une rénovation substantielle pour en faire des locaux susceptibles d’accueillir dans une classe acceptable des élèves.

a. L’organisation des classes suit la logique

Chaque classe rassemble les élèves pour deux années d’enseignement. La classe de niveau 1 accueille les élèves suivant les cours de 1ère et 2ème année primaire, la classe de niveau 2 les élèves de 3ème et 4ème année scolaire primaire et la classe de niveau 3 les élèves de 5ème et 6ème année primaire. En fin d’année scolaire, les élèves en classe de niveau 3 présenteront des examens nationaux pour l’obtention de leur diplôme de primaire. Chaque site a les 3 niveaux.

b. Les données des inscriptions des élèves pour les deux sites

Les trois tableaux suivants donnent la population des élèves. Le premier tableau reprend la population totale, le deuxième tableau reprend la population du site de Musambira et le troisième tableau reprend celle du site de Mpushi.

Niveau <15ans <18ans >18ans Totaux 1 38 44 29 111 2 16 72 40 128 3 16 55 19 90 TOTAL 70 171 88 329

Il faut noter qu’au niveau 1, 19 élèves (11 à Musambira et 8 à Mpushi) n’ont jamais fréquenté l’école. Le détail par site donne les résultats suivants :

Musambira Niveau <15ans <18ans >18ans Totaux 1 23 30 20 73 2 3 46 29 78 3 4 31 14 49 TOTAL 30 107 63 200

Mpushi Niveau <15ans <18ans >18ans Totaux 1 15 14 9 38 2 13 26 11 50 3 12 24 5 41 TOTAL 40 64 25 129

Une rapide analyse des 3 tableaux permet de dégager les enseignements suivants :

- le besoin de classes de rattrapage est évident - le site de Musambira étant plus accessible, il accueille plus d’élèves - les classes ont entre 38 à 78 élèves, se sont les classes de niveaux 1 et 2 qui sont les plus peuplées en particulier à Musambira. Au niveau 1 il y a 73 élèves et au niveau 2 il y a 78 élèves - la population d’élèves adultes est de 88 dont 63 à Musambira.

Les élèves ont été placés dans les classes à la suite d’un test de connaissance.

4. Réunion avec ADENYA et le comité de jumelage

A cette réunion participaient le secrétaire exécutif du secteur de Musambira, Emmanuel, le président du comité de jumelage, Fidèle Bukuba, ADENYA (représenté par Gabriel et ceux qui ont été engagés pour la réalisation du projet) et l’APROJUMAP. Les questions débattues ont traité des problèmes liés à la bonne exécution du projet, en particulier l’hétérogénéité des âges des élèves, la surpopulation des classes et la méconnaissance des élèves. Il a dès lors été décidé d’établir dorénavant un dossier pour chaque élève afin de pouvoir connaître son histoire en vue de répondre au mieux à ses besoins de formation. Pour le public de jeunes adultes (c’est-à-dire plus de 18 ans) il a été décidé de réorienter ceux-ci vers les centres d’alphabétisation. Pour les classes de niveau 1, cette logique sera suivie dès que les candidats-élèves ont plus de 15ans. Etant donné que ces jeunes ont fait la démarche de s’inscrire pour se scolariser, il est proposé de les encadrer pour leur réorientation. Dans cet esprit, la formule d’ADENYA est de les accompagner dans des centres d’alphabétisation en vue de les inscrire en lieu et place dans les classes de rattrapage. Pour la suite, il est décidé de ne plus inscrire des jeunes adultes dans les classes de rattrapage.

L’objectif de ces différentes décisions est d’éviter de placer des enseignants face à des classes surpeuplées et confrontées à de trop lourdes difficultés pour les mener à l’obtention des diplômes d’enseignement primaire.

Enfin, un examen de la population des élèves de Musambira sera réalisé en vue de proposer à certains de changer de site et d’aller dans les classes de l’école de Mpushi.

Il est à noter que la courte expérience ne permet pas d’apprécier des questions liées à la discipline, à l’accroche de ces élèves à l’école et aux éventuelles illusions que les élèves inscrits auraient sur l’école de rattrapage. Des débats de la réunion, il ressort très clairement l’absolue nécessité d’avoir un entretien avec les candidats-élèves préalable à leur inscription et en vue d’établir des dossiers individuels dont évoqués ci-dessus.

Enfin, si pour Mpushi les classes de rattrapage se situent dans une école avec une direction, si à la charge d’en faire l’encadrement administratif comme toute autre classe, la situation à Musambira est différente. Effectivement, les classes sont en dehors de l’école, ce qui nécessite une attention d’ADENYA pour que la gestion administrative de ces classes et de ces élèves soit assurée. Une réflexion sera faite en vue d’éventuelles demandes à la direction de l’école primaire de Jean de Paepe, plus proche d’assurer ce suivi administratif.

Une réunion particulière a eu lieue avec ADENYA en vue d’adapter le budget du projet tout en respectant le total des dépenses prévues. Une lettre a été déposée à la délégation de l’Union Européenne en vue de les informer et d’avoir leur accord sur ces modifications du budget.

5. Perspectives

Sur base de ce lancement de projet, il ressort la nécessité de prolonger les classes de rattrapage par l’organisation d’ateliers ou classes de formation professionnalisantes. Effectivement, au vue de l’âge de la population des élèves, il apparaît que l’objectif à poursuivre les partants à l’obtention du diplôme de primaire afin de suivre l’enseignement secondaire et d’acquérir la capacité de lire, d’écrire, de compter, de calculer, de résoudre des problèmes en vue de pouvoir suivre une formation professionnalisante assurant une intégration dans la société et une capacité à pouvoir pratiquer une profession de source de revenus. La mission annuelle devrait pouvoir se réaliser en fin d’année scolaire en vue d’en dégager les différents enseignements.

6. Rencontre avec la délégation de l’Union Européenne à Kigali

La rencontre s’est faite avec Mme Christine Ronda en charge du suivi des différents projets liés au programme dans lesquels Woluwe-Saint-Pierre est inscrit. Etait présent à la réunion, outre présent la délégation de Woluwe-Saint-Pierre, Eugène de l’APROJUMAP.

7. Les discussions

Il a été proposé que lors des prochaines visites de mission dans le cadre du projet, Woluwe-Saint-Pierre le signifie à la délégation de l’Union Européenne en vue de pouvoir, dans la mesure des moyens, participer aux réunions de travail qui ont lieu à cette occasion. La délégation de l’Union Européenne ira voir sur place l’exécution du projet et en fera part préalablement à sa visite.

Les modifications budgétaires devraient pouvoir être acceptées étant donné que l’enveloppe globale est modifiée et que les modifications budgétaires ne dénaturent par le projet.

Par rapport aux appels à projets 2011, il ressort que deux appels à projets dans deux programmes différents doivent se faire au cours du premier trimestre de l’année. Pour l’un des deux appels, il s’agit du même programme dans lequel Woluwe-Saint-Pierre a obtenu son projet « Education pour tous ». La commune de Woluwe-Saint-Pierre, avec l’ONG ADENYA, peut déposer un nouveau projet. Celui-ci peut être composé de deux parties : d’une part, une étant une forme de répétition du projet « Education pour tous » dans un autre secteur de l’ancien territoire du district de Ruyumba et d’autre part, une prolongation du projet de Musambira par des ateliers-classes formant des jeunes à une profession. Ce projet doit s’inscrire dans une perspective de bonne gouvernance, de lutte contre la pauvreté et l’égalité des genres. La représentante de l’Union Européenne souligne qu’il ne faut déposer qu’un projet. Toutes institutions déposant plus d’un projet voient ceux-ci rejetés.

Malgré le discours officiel de l’Union Européenne faisant état d’une préférence à ce que ce soit l’institution du sud qui soit le déposant et donc le gestionnaire de projet, force est de constater qu’une crainte substantielle existe dans le chef de l’Union Européenne sur la capacité des institutions du sud à pouvoir assurer la gestion administrative des projets. Autrement dit, il apparaît préférable que ce soit l’institution du nord qui soit déposant du projet.

Concernant le deuxième appel à projet, une institution publique locale peut être partenaire mais elle ne peut être déposant de projet. Un projet qui serait basé sur la formation juridique des populations et des autorités locales peut parfaitement s’inscrire dans ce second programme. Cela concerne en particulier le droit familial et le droit foncier, matières qui sont les sources les plus nombreuses de conflit. Ce type de projet s’inscrit parfaitement dans une logique de contribution à la paix et à la pacification, ce qui est un des axes de ce deuxième appel à projet. La représentante de l’Union Européenne conseille que le projet soit déposé par une ONG rwandaise surtout si celle-ci a déjà une expérience en la matière. Elle estime que pour répondre aux craintes de l’Union Européenne, par rapport à l’aptitude de l’ONG à faire face aux obligations administratives liées à la gestion du projet, il est préférable de déposer un projet pour une courte-moyenne durée, en l’occurrence de 12 à 24 mois. Le projet pourrait donc être déposé par l’APROJUMAP avec comme partenaire la commune de Woluwe-Saint-Pierre.

Le projet peut être déposé aux fonctionnaires dans un ou plusieurs secteurs du territoire de l’ancien district de Ruyumba. Ce type de projet est considéré comme également très intéressant par les autorités locales.

8. Titre suivit de la rencontre avec la délégation de l’Union Européenne à Kyali

A la suite de la rencontre avec la délégation de l’Union Européenne à Kyali, une réunion de travail s’est tenue avec Gabriel de l’ONG ADENYA et une discussion a eu lieue avec le secrétaire exécutif de Musa Emma, le président de jumelage, Fidèle Bukuba, Eugène Matrosumpa et la délégation de Woluwe-Saint-Pierre. De ces rencontres, il a été décidé de déposer un projet avec ADENYA (projet « Education pour tous » élargi) et un projet avec l’APROJUMAP (action pour la paix avec la reconnaissance des lois). Woluwe-Saint-Pierre pourra prendre en charge la rédaction des projets. ADENYA et l’APROJUMAP devra apporter les informations pour assurer la rédaction performante, en particulier les informations qui permettent une estimation budgétaire, qui sera à donner dès la première réponse de présentation générale des actions proposées.

9. Conclusion

La mission à Musambira a été brève et en l’occurrence 48h. Elle a répondu à l’ensemble des objectifs qui s’étaient fixés et trace des perspectives pour le futur. Ces perspectives doivent être lancées dès l’année 2011 dans la mesure où une procédure en vue de l’obtention d’un projet prend au moins un an. Si les réponses aux appels à projet aboutissent, le projet en cours sera au début de sa dernière année.

Il est important de souligner que si cette visite est un supplément par rapport à ce qui avait été prévu dans le programme initial, il constitue une contribution d’un grand intérêt pour la bonne fin du projet.