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Ecoeurement à la suite de l'édito dans "Le Soir" du 20 juillet 2011

La lecture de l'édito de Véronique Lamquin dans Le Soir de ce 20 juillet 2011 a suscité étonnement, consternation et écoeurement. Etonnement, parce qu'un journaliste digne de ce nom doit connaître l'Histoire. Si nous nous limitons aux cinquante dernières années, force est de constater que les revendications flamandes ont toujours été dans le sens de l'ignorance du droit des gens pour mener une épuration culturelle et aujourd'hui, plus encore dans la perspective de la construction d'un Etat flamand. L'affaire de Louvain en 1968 avec l'expulsion de l'UCL ou la résolution concernant "le projet flamand" du parlement flamand votée en 1999 à l'unanimité, la voix de l'élu francophone exceptée, n'en sont que des preuves bien connues. L'examen de l'Histoire montre donc très clairement que les revendications actuelles des partis flamands et plus particulièrement du CD&V, de la NVA et du Vlaaams Belang ne sont qu'une étape vers d'autres revendications, cette fois pour flamandiser Bruxelles en vue de son intégration dans l'Etat flamand. Faire correspondre toutes les "frontières administratives", c'est définir les limites territoriales en cas de division de l'Etat Belge. Le droit international et la jurisprudence en la matière sont très clairs. Accepter de s'inscrire dans cette logique, c'est contribuer à la rupture de l'Etat belge. Madame Lamquin, dans son édito, fait fi de ces réalités. C'est étonnant et inquiétant. Consternation, parce que demander aux politiques de totalement abandonner leur programme est indécent. Parce que demander de n'accepter de négocier que sur les questions qui fâchent les Flamands est hallucinant d'indécence. Il est préférable de ne pas avoir de gouvernement que d'avoir un mauvais gouvernement. De plus, c'est accepter l'enfermement de Bruxelles, ce qui constitue une folie absolue : contraire à la réalité, contraire aux besoins d'une capitale de l'Europe (ce statut constitue la plus grande source d'activité économique et une source de richesse pour toute la Belgique) et invivable à terme pour des raisons sociales et économiques. Ecoeurement parce que Madame Lamquin se place dans une logique de soumission à une majorité qui ne se soucie que de son nationalisme identitaire. Les missions de base d'un Etat sont d'assurer la justice, la sécurité et le développement des aspirations de chacun de ses citoyens dans le respect de la collectivité. Les revendications flamandes ne sont pas justes et n'améliorent pas la sécurité. Elles nuisent au développement du bien être d'une partie de la population sans pour autant améliorer le bien être de la collectivité. Ces propositions sont donc contraires à ce qu'un Etat digne de ce nom se doit de faire. C'est bien plus. Les auteurs de ces revendications flamandes, ne sont-il pas ceux qui refusent l'application de la protection des minorités, obligation tout Etat entrant dans le Communauté européenne, ne sont-ils pas ceux qui bafouent la démocratie en refusant la nomination des bourgmestres démocratiquement élus à Linkebeek, Kraainem et Wezembeek, ne sont-ils pas ceux qui organisent l'accès aux logements sociaux ou l'acquisition des terrains de manière à ce que seuls les "vrais" Flamands, les "purs" y aient droit, ... L'Europe dénonce ces pratiques. La communauté internationale ne comprend pas comment pareilles situations existent dans un Etat comme le nôtre. Madame Lamquin devrait savoir que la démocratie se mérite et se défend tous les jours. Accepter ces situations, c'est ouvrir la porte aux dérives de régimes que l'Histoire, même récente, nous montre. Pour un journal qui se veut de qualité, publier pareil édito est indécent et substantiellement discréditant. Cela ne peut que susciter des réactions. Au Soir de corriger une faute.