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Le choix d'école incombe aux parents, la qualité de toutes les écoles incombe aux gouvernants.

Le décret inscriptions qui fut dans sa première version le décret appelé files d’attente devant les écoles est devenu dans sa deuxième version le décret loterie, a comme objectif la mixité sociale. Personne ne peut contester qu’une mixité sociale soit un principe de formation d’éducation intéressante. {{Mais quelle est la réalité ?}} Pour m’exprimer, je prends le point de vue d’un pouvoir organisateur, ce que je suis. Pour me faire une idée exacte, j’ai veillé à réaliser une enquête auprès des parents des enfants de 6ème année primaire dans la commune où je suis échevin de l’enseignement. Le résultat de cette enquête, avec pratiquement 60% de réponses, est explicite et très claire. Tout d’abord, malgré que l’ensemble des parents ait été très bien informé des nouvelles procédures d’inscription dans l’enseignement secondaire, 18% n’ont toujours rien fait pour inscrire leur enfant dans l’enseignement secondaire. Or, à Woluwe-Saint-Pierre, nous pouvons estimer que globalement notre population est socialement avantagée. 18% est donc manifestement impressionnant. Force est dès lors de constater qu’il s’agit de parents qui sont soit dans une situation de difficultés pour comprendre les procédures, soit dans une situation qui montre leur intérêt mitigé par rapport à l’éducation et la formation de leur enfant. {{Autrement dit, la complexité du système crée de manière très nette un système d’écoles à deux vitesses, c'est-à-dire des écoles regroupant des enfants dont la scolarité est suivie dans le milieu familial et d’autre part des écoles dont les enfants sont appelés à se débrouiller seul face à leur scolarité.}} {{Ce premier constat montre de manière explicite que la mixité sociale ne sera pas atteinte.}} Comme pour la première version du décret inscription, c’est un échec évident par rapport à l’objectif poursuivi. Les dégâts de ce décret loterie ne se limitent pas à cela. Toujours dans mon enquête, il ressort que 36% des élèves ont bénéficié d’une priorité d’inscription, dont 14% d’entre eux ne souhaitaient pas aller dans l’école où ils bénéficiaient de cette priorité. Autrement dit, 51% de la population a été soumis au tirage au sort, dont 20% de celles-ci a gagné le gros lot et donc l’inscription dans l’école de son premier choix. {{Ceci nous mène à ce que 47% des enfants seulement sont aujourd’hui inscrits dans l’école de leur choix. 53% sont donc encore en quête de cette école de premier choix.}} Enfin, et sans vous noyer de chiffres, je signale que 18% sont inscrits dans une école qui n’est pas de leur premier choix et 35% n’ont pas encore d’inscription ferme dans une école. {{En pratique, cela démontre très clairement que, comme le dit le slogan de la manifestation, le choix de l’école est remis en cause avec ce décret.}} Soit votre enfant se trouve dans une catégorie de « chanceux » comme disent les québécois, c’est-à-dire qu’il bénéficie de l’avantage des priorités ou de la chance des tirages au sort, soit les parents ne contrôlent plus du tout le choix de l’école qui est soumis au caractère purement aléatoire. {{Nous sommes donc dans une situation où le décret crée la totale incertitude et le stress jusqu’à la rentrée scolaire prochaine.}} N’est –ce pas une situation inadmissible, anti éducation, anti formative, sachant que ces jeunes enfants sont déjà appelés à faire face à la difficulté du changement d’école et de l’entrée dans ce qu’on appelle « la grande école ». Enfin, soulignons qu’en respectant la logique des règles de probabilité, nombreux parents ont inscrit leur enfant dans plusieurs écoles et sont aujourd’hui, soit avec des inscriptions effectives ou en liste d’attente dans plusieurs institutions scolaires, et ce dans l’attente d’avoir l’école espérée. Cette situation, dans laquelle le caractère aléatoire est évident, aura comme conséquence qu’il est en pratique impossible pour une direction d’école, pour un pouvoir organisateur, d’organiser sa rentrée scolaire. Celle-ci s’annonce donc cacophonique. Les acteurs de l’enseignement sont mis dans une situation où ils sont incapables de pouvoir assurer une rentrée sereine dans l’intérêt des enfants qui commenceront le cycle secondaire. La situation mérite un coup de colère, surtout que tout avait été annoncé préalablement. Avec leur vote positif au Parlement de la Communauté française, les députés socialistes et CDH ont la pleine responsabilité du chaos d’aujourd’hui. Comme pouvoir organisateur, je ne peux que constater aujourd’hui que {{la Communauté française est gérée de manière dogmatique}}. Elle proscrit toute confiance dans les pouvoirs organisateurs, les directions d’écoles, les enseignants et tous les acteurs de l’enseignement. Elle met en œuvre une politique de déresponsabilisation catastrophique et contraire à tout processus éducatif et d’apprentissage. {{Le décret inscriptions, tel qu’il a été voté, est le parfait exemple de cette politique. Il ne crée que pagaille et injustice. Il faut l’abroger purement et simplement.}} Il faut responsabiliser l’ensemble des acteurs de l’enseignement. Ce sont des professionnels. Il faut donc plus d’autonomie et des objectifs clairs à atteindre. Comme le dit le slogan de la manifestation de ce jour, le choix d’école incombe aux parents, en collaboration avec des acteurs de l’enseignement. La qualité de toutes les écoles incombe au gouvernement.