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La campagne d'action du gouvernement de la Communauté flamande vis-à-vis des commerces du centre de la Ville de Bruxelles

Assez discrètement, durant la période des fêtes, la presse a fait part d'une initiative du Ministre Anciaux, ministre du Gouvernement de la Communauté flamande. Effectivement, le Gouvernement de la Communauté flamande invite les commerçants du centre ville de notre Région à suivre un stage linguistique d'apprentissage du néerlandais. Apprendre est toujours une bonne chose. Mener des actions de formation, en particulier de formation linguistique constitue donc en soi une action positive. Dans le cas présent, une crainte peut s'exprimer assez légitimement vu les différentes initiatives en la matière en Région bruxelloise. D'une part le gouvernement de la Communauté flamande invite les commerçants à apprendre le néerlandais, d'autre part le gouvernement bruxellois met en place des systèmes pour favoriser l'apprentissage du néerlandais. Même si il faut tendre à maximiser l'offre d'enseignement, il est opportun de veiller à une coordination des actions menées. Très vite nous pourrions constater une concurrence qui m'apparaît être totalement inutile ? La première question porte donc sur le fait de savoir si concertation a eu lieu entre le Gouvernement de la Région bruxelloise et le Gouvernement de la Communauté flamande, et si une coordination des actions est organisée. Là où les choses deviennent toute autre, c'est quand le Ministre Anciaux explique en réalité les intentions poursuivies par le Gouvernement de la Communauté flamande. Comme l'a relaté la presse, un suivi précis est mené dans l'action du gouvernement flamand. Il faut souligner que le Ministre lui-même, Monsieur Bert Anciaux, Ministre des Affaires bruxelloises au sein du Gouvernement de la Communauté flamande, a veillé à procéder lui-même à ce suivi qui a plusieurs volets. Il y a tout d'abord une vérification des connaissances de ceux qui suivent la formation. Cette vérification se fait sur le terrain, en se rendant dans les commerces dans lesquels un vendeur participe au stage linguistique organisé par la Communauté flamande. Si cette vérification peut être comprise dans un esprit positif, c'est-à-dire dans la volonté de vérifier les apprentissages et d'améliorer l'enseignement, elle peut néanmoins se travestir en une définition de bon ou de mauvais commerçant. Mais prenons les choses de manière positive. Considérons encore à ce stade que les autorités du Gouvernement flamand ne réfléchissent à la question que dans le bien de l'intérêt collectif. Un autre volet de cette vérification consiste à stimuler les magasins qui participent au projet à être identifiés au moyen d'une affichette arborant un grand L blanc sur fond bleu clair et installé en vitrine. De plus, le Gouvernement de la Communauté flamande invite les vendeurs apprenants à porter également un badge indiquant qu'ils apprennent le néerlandais. Enfin, une campagne d'affichage a été réalisée au centre ville pour expliquer la signification de cette affichette reprenant le L. Une question se pose quant à savoir si le Gouvernement de la Région bruxelloise a été associé à l'organisation de ces suivis de la campagne du Ministre des Affaires bruxelloises au sein du Gouvernement de la Communauté flamande. Quant à la campagne elle-même, il faut dénoncer son caractère tout à fait choquant. Si l'on peut comprendre qu'un commerçant souhaite mettre sur sa vitrine les langues dans lesquelles on peut accueillir un client, il devient tout à fait inadmissible de labelliser les commerçants pour montrer que certains sont bons commerçants vis-à-vis d'une communauté, et que d'autres ne participant pas à une campagne deviennent de mauvais commerçants. Soyons clairs, cette façon de faire est celle qui consiste à créer des castes, des communautés et à faire réagir les citoyens de manière purement communautaire et même plus exactement, nationaliste. Il s'agit là donc d'une suite scandaleuse apportée à cette campagne d'apprentissage de la langue de Vondel. J'ajoute que sur le plan juridique, la liberté linguistique consacrée par l'article 30 de la Constitution prévaut en ce qui concerne les relations commerciales entre un commerçant et sa clientèle : celles-ci ne sont pas soumises aux lois linguistiques. Ceci signifie qu'un commerçant ne peut être contraint à utiliser le néerlandais dans ses relations avec celles-ci. A l'heure où bon nombre de communes flamandes de Hal-Vilvorde se distinguent par une politique d'intolérance linguistique en enjoignant les commerçants francophones établis en périphérie à utiliser exclusivement le néerlandais dans leurs relations commerciales au non du sacro-saint principe d'homogénéité linguistique, il serait bon d'inviter Monsieur Anciaux à davantage d'humilité. La création d'un signe distinctif labellisé présente de réelles similitudes à d'autres signes distinctifs labellisés qui ont été utilisés par des pouvoirs publics à une époque que personne ne souhaite revivre. C'est à croire que les dirigeants politiques flamands n'ont toujours pas compris pourquoi ils suscitent dans leur Région une telle montée du parti d'extrême-droite non démocratique qu'est le Vlaams Belang. Dès lors plusieurs questions se posent : • D'une part, vu l'interventionnisme dans les matières économiques, le commerce étant bien un des volets économiques, du Gouvernement de la Communauté flamande, je voudrais savoir si le Gouvernement bruxellois a réagi quant à cet empiètement sur ses compétences ? • Au vu de cette campagne, le Gouvernement bruxellois a-t-il réagi à la création de ce système de suivi de la campagne menée par le Gouvernement flamand ? • Et, s'il se devait, à mon grand étonnement, qu'aucune réaction du Gouvernement bruxellois n'ait eu lieu, celui-ci peut-il justifier son inertie ? • Enfin, le Gouvernement bruxellois peut-il, en cas d'intervention qu'il aurait réalisé, faire état de l'impact et du suivi de son intervention ? • Dans cette même perspective, le Gouvernement bruxellois est-il informé sur le nombre de commerçants ayant répondu à l'offre de formation du Gouvernement de la Communauté flamande ? Pour obtenir le texte complet de l'intervention et la réponse, allez à la page 30 du document que vous obtiendrez en cliquant ici.