Quel Etat, quelle Europe dans ces périodes marquées par la barbarie ?

te deumDiscours tenu lors du Te Deum du 24 juillet 2016 en l’église du Chant d’Oiseau.

La fête nationale mise à l'honneur par ce Te Deum est l'occasion d'une réflexion sur ce que doit être un Etat, dans cette période troublée par des actes inadmissibles, des actes inqualifiables tellement ils sont odieux, et ce depuis quelques années déjà.

L'Etat est une institution publique. Il peut apparaître pour le citoyen comme une institution qui lui est étrangère.

Et pourtant, l'Etat est l'addition des individus qui le compose. Il y a donc une double réflexion. D'une part, qu'attend-on fondamentalement de l'Etat, et d'autre part quel est l'apport de chacun à la constitution et la vie de l'Etat dans lequel on est.

Fondamentalement, un Etat doit assurer la paix, la sécurité et la justice. Il doit garantir une vie décente pour chacun, ainsi que le respect de tout individu dans ce qu'il est.

Dans les moments de troubles que nous vivons, chez nous et ailleurs, je pense à Munich, Nice, Bagdad, Istanbul, Bruxelles, Paris, … il faut garder la sérénité pour ne pas mettre en cause nos valeurs fondamentales qui animent notre Etat, comme la liberté, la démocratie, le respect de l'autre.

Si ce que j'évoque ici c'est l'Etat avec un grand E, il y a aussi l'Etat qui est l'addition de ces personnes qui le compose.   Chacun à son niveau peut contribuer à construire cet Etat.

Cela peut paraître mission impossible pour le simple citoyen.

Est-ce vraiment impossible ?

Dans la crise du Proche Orient, qui nous touche directement, l'Europe a été confrontée à un flux migratoire qui a surpris les autorités.

La question qui s'est posée est la manière de faire face à ce flux. Ce flux migratoire a probablement stimulé une partie de l'électorat britannique pour choisir le repli sur soi et créer le Brexit. C'est bien l'addition des individus qui a décidé. Et dans une démocratie, il y a lieu de respecter cette décision. Ce n'est pas le seul lieu où la tentative de repli sur soi est forte et ce par peur.

Assurer le respect de chacun est aussi pouvoir répondre à ceux qui ont fui leurs régions, pour assurer à leurs familles une dignité de vie, voire la vie.

Aurait-on pu condamner les juifs qui quittaient le régime nazi ? Aurait-on pu condamner les tutsis en 1994 quand ils fuyaient le Rwanda ? Si comparaison n'est pas raison, objectivement peut-on condamner ceux qui prennent des risques énormes pour rejoindre une Europe qui présente une image de sécurité et de prospérité ?

Si chacun de nous n'a pas l'occasion de s'investir dans une noble cause d'accueil, et ce pour des raisons pratiques de la vie que nous menons, tout le monde a une parole.

Le discours que chacun va tenir sur des questions de société, va, d'une manière ou d'une autre, influencer le comportement humain. C'est bien l'addition des discours qui crée ces courants d'idées. Ces courants d'idées influencent la manière d'agir de l'Etat face aux phénomènes de société.

A nous donc de prendre bien conscience de la manière dont nous contribuons à ces discours collectifs, dont nous les approuvons ou les rejetons. Chaque citoyen est donc bien un acteur du fonctionnement de l'Etat. A chacun de prendre ses responsabilités.